Il y a vingt ans, peu après avoir obtenu mon diplôme de fin d’études secondaires, j’ai commencé à travailler pour financer mes études au Community College de ma ville natale, située près de la frontière mexicaine. Parmi les emplois que j’occupais, il y avait un poste de nuit dans une station-service locale.
Un de mes collègues, Musa, travaillait l’après-midi, de midi à 20h. Habituellement, je prenais la relève à la fin de son service. Un jour, il m’a demandé si nous pouvions échanger nos quarts de travail le lendemain, qui était un vendredi. J’ai accepté, et cela s’est répété la semaine suivante. Cela ne me dérangeait pas, mais il semblait qu’il avait une raison importante pour vouloir ces après-midis libres.
Lorsque je lui ai proposé d’échanger à nouveau les semaines suivantes, il a refusé, expliquant ensuite que notre superviseur lui avait fait des problèmes à cause de ces changements. Musa devait respecter son emploi du temps, y compris travailler les vendredis, ce qui le rendait malheureux car il ne pouvait pas assister à sa prière du vendredi.
Intrigué par l’importance qu’il accordait à cette prière, j’ai demandé à Musa pourquoi il ne pouvait pas simplement prier un autre jour. Il m’a expliqué que pour un musulman, la prière du vendredi en congrégation est essentielle et non négociable. C’était la première fois que j’apprenais qu’il était musulman.
Sa détermination à privilégier sa foi m’a poussé à réfléchir sur ma propre religiosité. Bien que ma famille soit catholique, la religion n’avait jamais occupé une place centrale dans notre vie quotidienne. Nous célébrions certaines fêtes comme Noël, mais sans grande ferveur religieuse.
La décision de Musa de quitter son emploi pour pouvoir pratiquer sa foi m’a profondément marqué. À cette époque, les informations sur l’islam étaient peu accessibles dans ma petite ville, mais j’étais déterminé à en apprendre davantage. Un jour, en cherchant Musa, j’ai rencontré Omar, qui ressemblait à Musa. Après une confusion initiale et une brève conversation, Omar m’a invité à prendre le thé et à discuter davantage.
Omar est devenu un grand ami et m’a tout enseigné sur l’islam. Un vendredi, il m’a invité à assister à la prière du vendredi. Bien que je lui ai rappelé que je n’étais pas musulman, il a simplement répondu : « Pas encore. » Cette expérience a été le catalyseur de ma conversion. J’ai récité la Shahada, la profession de foi musulmane, et depuis, je m’assure que le vendredi reste un jour consacré à ma pratique religieuse, sans compromis.
Cette expérience m’a appris l’importance de la foi et comment elle peut guider et transformer une vie. Musa, sans le savoir, a initié un changement profond dans ma vie par son exemple de dévotion et de sacrifice.